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L’oreille droite de Donald Trump, candidat du Parti Républicain et grand favori de l’élection présidentielle américaine de novembre prochain, a été fusillée ce samedi en tout début de son meeting de campagne dans la petite ville de Butler, en Pennsylvanie au nord-est des États-Unis.

Tout le monde aux Etats Unis et ailleurs sur la planète se réjouit que ce ne soit que son oreille droite et non lui-même qui a été fusillée. On le sait, les sorciers sont ceux qui pleurent le plus aux funérailles de leur victime.

Le responsable de cette fusillade qui a été neutralisé selon le vocabulaire consacré, mais deux farouches partisans de Trump ont été tués.

Selon les premières informations concernant le meurtrier, il s’appelle Thomas Matthew Crooks et a 20 ans. La suite de l’enquête nous dira plus sur son identité et certainement ses motivations et les raisons de sa colère.

Pour l’heure, s’il est trop tôt pour spéculer, il n’est nullement interdit de faire un parallèle avec l’assassinat le 22 novembre 1963 d’un autre président américain à savoir John Fitzgerald Kennedy, fusillé alors qu’il traversait triomphalement la ville de Dallas, bastion de l’extrême droite américaine, dans le cadre de la campagne pour sa réélection.

En effet, le contexte dans lequel baignait l’Amérique et le monde en 1963 laissait clairement apparaître l’existence de nombreux acteurs internes et externes qui étaient très intéressés à voir le Président Kennedy mort :

J. Edgar Hoover le tout puissant Directeur du FBI avec lequel lui et son frère Bobby, ministre de la Justice étaient à couteaux tirés pour le contrôle des services de renseignements Intérieurs du pays, la CIA qu’il soupçonnait de l’avoir manipulé pour envahir Cuba et qu’il voulait dissoudre pour l’incorporer au FBI, les supremacistes blancs qui se formalisaient de l’octroi de droits civiques aux noirs et de sa prétendue mollesse dans la lutte contre les communistes internes et extérieurs, les soviétiques, les cubains, les opposants à la guerre du Vietnam, des membres de la mafia’ etc.

Le principal suspect, Lee Harvey Oswald, ayant été à son tour fusillé au sein même du commissariat d’ où il devrait être transféré vers la prison en fourgon blindé, on ne saura jamais qui a commandité le crime du Président Kennedy.

En effet, malgré les 6000 pages du rapport Warren remis à son successeur le 24 septembre 1964 (qui par ailleurs a été vendu à plus d’un million d’exemplaires en quelques jours), reste à ce jour non élucidé avec en prime des milliers de théories du complot sur le sujet qui, se prétendent toutes aussi valables les unes que les autres.

Trump se trouve dans le même cas avec de nombreux acteurs tant aux États-Unis qu’à travers le monde qui souhaitent le voir six pieds sous terre que de retour dans le Bureau oval.

Ces personnes qui ne lui veulent pas du bien ont toutes été échaudées par son premier mandat entre 2017 et 2021. Dès lors, elles sont tétanisées à la seule idée de le voir à nouveau à la tête de la première puissance mondiale.

Leurs craintes sont alimentées et justifiées par les sondages qui prédisent sa victoire en novembre prochain mais également par les signes d’inaptitude qui s’additionnent de son adversaire à savoir l’actuel Président Joe Biden.

Il y a actuellement en effet vingt et cent acteurs qui perdraient de l’argent, une guerre, des droits, une protection ou des certitudes, si Trump revenait au pouvoir.

D’abord l’industrie militaire américaine qui bénéficie grandement des conflits qui embrasent plusieurs régions du monde notamment l’Ukraine.

Les centaines de milliards d’aides américaines à ce pays sont délivrées sous forme d’armes et de matériels militaires. La perspective que le conflit puisse prendre fin dans les mois à venir au lieu des années comme ces derniers l’espèrent, n’est certainement pas une bonne nouvelle pour leurs affaires.

Récemment d’ailleurs, le Président turc qui est très bien informé a nommément désigné les marchands d’armes occidentaux comme ceux qui soufflent sur les braises en Ukraine.

Ensuite, il y a l’Ukraine elle-même et ses alliés indéfectibles qui sont tétanisés à l’idée de voir Trump revenir au pouvoir pour arrêter cette escalade qu’ils souhaitent avec la Russie.

Donald Trump n’a pas fait mystère de ses intentions à propos de la manière de résoudre ce conflit. Il estime qu’ inonder l’Ukraine d’armes et de soutiens logistiques tous azimuts de l’OTAN n’est pas la meilleure façon de construire la paix.

La paix dont il n’est pas question pour le moment selon Biden, qui a réaffirmé cette posture belliqueuse durant le sommet de l’OTAN qui s’est tenu du 9 au 11 juillet 2024 à Washington.

Il y a aussi tous les partisans et militants de la normalisation des vices et des pratiques comme l’avortement, l’homosexualité ou encore le changement de sexe et la négation de la distinction biologique entre hommes et femmes, qui voient avec raison d’ailleurs, en Trump, un danger existentiel pour ce qu’ils considèrent comme étant leurs droits de libertés.

Enfin, (et cela est forcément une prétention car à ce stade on ne peut pas clôre la liste de ceux à qui pourraient profiter l’holocauste de Trump), il y a toute cette presse d’acteurs solitaires ou en ligue dont la politique de Trump pourrait contrarier les projets de vie et qui auraient pris les devants afin d’empêcher la survenue de thermidor.

Toutefois, cette dissertation serait une distraction si au final il s’agissait de l’acte d’un illuminé qui a décidé d’entrer dans l’Histoire en sortant de la vie.

Pour l’heure, ce sont les agents de l’United States Secret Service (USSS), plus couramment appelé Secret Service, chargés de la protection du Président des Etats-Unis, des anciens Présidents et vice-présidents, de leurs familles, des candidats à la présidentielle et des chefs d’Etat et de gouvernements étrangers en visite officielle, qui sont sous les feux des critiques.

Trump, lui, se porterait comme un charme, au grand soulagement de tous… apparemment.

Moritié Camara
Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales

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