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Mesures sociales examinées en toute urgence au Parlement, lancement des bases de la grande « consultation nationale ». Le gouvernement s’active fébrilement pour tenter de désamorcer au plus vite la crise des gilets jaunes. Ces mesures doivent figurer dans la loi de finances pour 2019. Les députés n’ont que 48 heures pour débattre de ses 1 200 amendements et la voter.

Signe de l’extrême fébrilité qui règne au sein de l’exécutif, ce terrible cafouillage du gouvernement mardi qui, en moins de quatre heures aura annulé puis rétabli de mesures en faveur des ménages pour 130 millions d’euros. Soit un double rétropédalage inédit et imposé par la grosse colère et l’incompréhension non pas de l’opposition, mais des députés de la majorité.

Le Premier ministre Edouard Philippe a finalement dû faire amende honorable en reconnaissant le côté « délicat » de l’exercice, en pleine préparation accélérée du budget 2019.

Même difficulté pour mettre en œuvre au plus vite la promesse du président d’un grand débat national. A la mi-décembre avait-il espéré, mais finalement tout est repoussé d’un mois, au 10 janvier. Mise en place délicate là encore pour un exercice inédit et sur fond d’attentes parfois contradictoires des Français. Selon une étude, ceux-ci préféreraient une diminution des impôts à une amélioration des services publics, tout en souhaitant que ces derniers soient préservés.

En attendant l’ouverture de ce grand débat, les maires ont donc été priés d’échanger avec leurs administrés. Mais certains rechignent de se voir ainsi « refiler la patate chaude », alors que d’autres souhaiteraient au contraire élargir les débats avant même la grande concertation nationale. Au risque de créer une « véritable usine à gaz », s’étranglent déjà certains députés.

Des députés harassés

Pour les députés, le marathon est lancé. Le budget 2019 doit être définitivement voté à l’Assemblée nationale jeudi. Avec les hésitations de l’exécutif sur les mesures d’urgence promises pour calmer la crise des « gilets jaunes » et la difficile équation pour un budget à l’équilibre, ils doivent passer des nuits blanches pour adopter en catastrophe la loi de finances. Car cela doit se faire avant la fin de l’année, comme le prévoit la Constitution.

Des annonces de dernières minutes, un texte volumineux avec 1 200 amendements et seulement deux jours pour l’examiner et le voter. Forcément, le débat autour du projet de loi de finances en pâtit, explique Olivier Véran, député la République en marche (LREM) : « Franchement, 1 200 amendements, vous n’avez pas de qualité, vous avez de la quantité. La qualité du débat, on en parle. Regardez les vidéos, si on est tous rétamés, c’est qu’il y a beaucoup, beaucoup d’amendements. »

« Il faut un peu de temps pour faire des textes de loi qui tiennent la route »

La faute à l’opposition, dit-il. L’élu de la France insoumise Eric Coquerel fait au contraire valoir le droit de l’opposition de peser dans les discussions. « Ça, c’est le macronisme : il considère qu’il claque des doigts et l’Assemblée nationale doit simplement valider ce qu’ils ont décidé en haut lieu. Cela ne marche pas comme ça une Assemblée nationale, et c’est aussi pour cela qu’ils se prennent les pieds dans le tapis. »

Le centriste Charles de Courson partage son avis. Il taxe l’exécutif d’amateurisme et rappelle que mercredi, les débats se sont terminés à 5h du matin : « Et après on s’étonne qu’il y ait des tas de problèmes, que les textes soient mal faits. Il faut un peu de temps pour faire des textes de loi qui tiennent la route et non pas des choses qui sont faites dans l’urgence et la précipitation. Si on veut donner l’image d’une République qui est incapable de se diriger correctement, continuons comme cela. »

Tous espèrent profiter d’une trêve à Noël pour souffler et faire retomber les tensions.

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