Alors que les tensions au Moyen-Orient restent vives depuis le déclenchement de la guerre Israël-Hamas, un fait alarmant met en lumière l’expansion stratégique de l’Iran bien au-delà de sa sphère géographique traditionnelle.
Téhéran, via son bras armé le Hezbollah, a étendu son influence jusqu’en Afrique du Nord, notamment en soutenant le Front Polisario, groupe séparatiste et terroriste actif dans le conflit du Sahara marocain.
Une récente enquête du Washington Post révèle un élément troublant : des combattants du Polisario, groupe armé soutenu par l’Algérie et actif contre le Maroc, ont été entraînés en Syrie par le Hezbollah, organisation chiite libanaise au service de l’agenda régional iranien. Ces éléments, désormais sous la houlette des forces syriennes pro-Assad, incarnent un nouveau relais d’influence de Téhéran dans le Maghreb.
Cette alliance n’est pas nouvelle. Dès 2018, le Maroc avait accusé l’Iran d’avoir livré des missiles sol-air au Polisario, avec la complicité de l’ambassade iranienne à Alger. Ces révélations avaient conduit Rabat à rompre ses relations diplomatiques avec Téhéran. Depuis, les preuves de l’implication iranienne se sont multipliées : livraisons de drones kamikazes, entraînement militaire, et soutien logistique avéré.
Une menace sécuritaire régionale
Le rôle de l’Algérie dans cette équation est central. Le régime algérien finance, héberge et équipe le Polisario, allant jusqu’à délivrer des passeports à ses membres. Les attaques perpétrées depuis le sol algérien, notamment en novembre 2024 contre des civils marocains lors d’une commémoration historique, témoignent d’un engrenage militaro-diplomatique inquiétant.
Mais au-delà du conflit entre le Maroc et le Polisario, c’est l’ensemble de la région sahélo-saharienne qui est impactée. Le lien entre le Polisario et les groupes jihadistes — dont l’ex-émir de l’État islamique au Sahel, Adnan Abu al-Walid al-Sahrawi, ancien cadre du Polisario — alimente une insécurité chronique. Tindouf, le fief du Polisario en territoire algérien, est désormais vu comme un incubateur du terrorisme transfrontalier.
Les pratiques du Polisario soulèvent également une vive inquiétude sur le plan des droits humains. Une ONG basée à Genève a alerté le Conseil des droits de l’homme de l’ONU sur l’exploitation systématique d’enfants dans les camps de Tindouf, privés d’éducation et enrôlés de force dans des formations militaires.
Face à cette escalade, plusieurs voix s’élèvent aux Etats-Unis pour que Washington ouvre enfin un consulat à Dakhla, dans le Sahara marocain, comme l’a d’ailleurs fait le Gabon, le 17 janvier 2020 à Laayoune, et désigne le Polisario comme organisation terroriste étrangère. Une telle mesure renforcerait la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le territoire, actée en 2020, et marquerait une rupture nette avec la complaisance face aux ingérences iraniennes.
Enfin, pour les pays africains, et particulièrement ceux de la région sahélienne, cette situation appelle à la vigilance. L’implication de puissances étrangères dans les conflits régionaux ne se limite pas à un simple jeu d’alliances : elle alimente une instabilité qui franchit les frontières, nourrit les extrémismes, et met en péril la sécurité collective du continent.
AMP