Le Mali a mis fin à ses relations diplomatiques avec l’Ukraine, dimanche 4 août 2024. Bamako accuse Kiev d’avoir joué un rôle dans la lourde défaite de l’armée malienne et de la milice Wagner, fin juillet, dans des combats contre des séparatistes et des djihadistes, dans le nord du pays.
Le gouvernement du Mali, dirigé depuis 2020 par une junte, a décidé de la «rupture avec effet immédiat de ses relations diplomatiques avec l’Ukraine», a déclaré son porte-parole, le colonel Abdoulaye Maïga.
Les séparatistes et les djihadistes ont affirmé avoir tué des dizaines de membres du groupe paramilitaire russe Wagner et de soldats maliens lors de combats à Tinzaouatène, à la frontière algérienne, dans l’extrême nord-est du pays. L’armée malienne et Wagner avaient reconnu des pertes importantes, sans donner de bilan précis.
Cette défaite est la plus lourde subie en une bataille par le groupe Wagner en Afrique, s’accordent les analystes.
Le gouvernement du Mali « a pris connaissance, avec une profonde stupeur, des propos subversifs par lesquels Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, a avoué l’implication de l’Ukraine dans une attaque lâche, traître et barbare de groupes armés terroristes ayant entraîné la mort d’éléments des Forces de défense et de sécurité maliennes », dénonce Abdoulaye Maïga dans le communiqué.
«Le fait que les rebelles aient reçu les données nécessaires qui leur ont permis de mener à bien une opération contre les criminels de guerre russes, a déjà été observé par le monde entier. Bien entendu, nous ne divulguerons pas les détails. Plus d’informations à venir ici aussi », avait déclaré lundi Andriy Yusov à la télévision ukrainienne. Une vidéo qu’avait relayé l’ambassadeur ukrainien au Sénégal.
Rapprochement avec la Russie
Le gouvernement malien juge que ces actes « violent la souveraineté du Mali, dépassent le cadre de l’ingérence étrangère, et constituent un soutien au terrorisme international».
Il va saisir les autorités judiciaires compétentes, prendre les « mesures nécessaires pour prévenir toute déstabilisation du Mali à partir d’États africains, notamment à partir d’ambassades ukrainiennes installées dans la sous-région, avec des terroristes déguisés en diplomates », a dit Abdoulaye Maïga
Samedi, les nouvelles autorités sénégalaises avaient indiqué avoir convoqué l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar pour avoir publié une vidéo de soutien aux récentes attaques meurtrières contre l’armée malienne et ses alliés russes.
« Constant dans sa position de neutralité constructive dans le conflit russo-ukrainien, le Sénégal ne peut tolérer une quelconque tentative de transférer sur son territoire la propagande médiatique en cours dans ce conflit », avait déclaré le ministère sénégalais des affaires étrangères dans un communiqué.
La junte au Mali dirigée par le colonel Assimi Goïta a, depuis 2022, multiplié les actes de rupture. Elle a rompu l’alliance ancienne avec la France et ses partenaires européens, pour se tourner militairement et politiquement vers la Russie.
Le ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a réaffirmé cette semaine son soutien à Bamako, lors d’un appel téléphonique avec son homologue malien, Abdoulaye Diop.
Les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du nord depuis 2023, après une offensive de l’armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l’État central.