*Propos de Laurent Gbagbo, lors du comité central du Ppaci du 4 janvier 2024 à Abidjan
« À la fin de cette réunion, je voudrais rappeler les enjeux de la lutte dans cette année 2025. Il y a une lutte dans l’autre. La première lutte, c’est mon inscription sur la liste, mais là, le secrétaire général a répondu tout à l’heure et Alassane lui-même, le président de la République actuelle, il a connu ça. Et pour l’aider, en 1995, je n’ai pas déposé de candidature, bien que tout mon dossier soit prêt. J’ai d’ailleurs montré tout mon dossier à une conférence de presse à l’AITCI, à Treichville. Il y avait Fologo qui était assis à côté de moi. À l’époque, quels sont les sacrifices qu’on n’a pas fait pour lui ? On en a fait beaucoup, mais tout ça, c’est ça. C’est pourquoi on distingue un homme d’un autre homme. On n’est pas les mêmes.
À Pretoria, c’est moi qui ai pris l’initiative de dire à Thabo MBeki: «Frère, je n’ai pas peur qu’Alassane soit candidat.» Et Alassane était là, Bedié était là. Il y avait Alassane, Bedié et Thabo MBeki. Et j’avais demandé à Alassane de jouer au traducteur, de faire le traducteur. Et donc, j’ai dit comme j’ai moi aussi mes électeurs, et que mes électeurs ne sont pas pour sa candidature. Si je dis à Abidjan qu’il est candidat, ça va me porter préjudice.
Donc, toi Thabo, écris-moi une lettre où tu me dis que tu penses qu’il serait bon qu’il soit candidat. En m’appuyant sur cette lettre-là, je vais autoriser toutes les candidatures dont la sienne. Il s’est levé, il m’a embrassé. Il dit « c’est bien ». Et c’est comme ça. Bedié était là. Mais Bedié est décédé maintenant. Mais Tabo MBeki vit encore. Et donc, on a fait ça. Mais pendant que nous préparions les élections, ils préparaient la fraude. Et ils préparaient la guerre aussi. Bon, mais ça c’est le passé.
Mais c’est pour vous dire ce qu’on a fait. C’est pour vous dire ce qu’on a fait. Et aujourd’hui, c’est comme si cela n’a pas été. Or cela a été. Bon, On continue. Donc, il y a l’inscription qui est une bataille en soi et il y a la victoire à l’élection elle-même qui est une deuxième bataille. Étant donné qu’il n’est pas plus sourd que l’homme qui ne veut pas entendre, c’est l’inscription qui est la bataille la plus difficile. C’est le jour où j’aurai entendu.
L’ONU leur a déjà écrit qu’il faut mettre Gbagbo. Parce que moi, je m’amuse beaucoup quand je vois les gens dire oui, je connais untel, untel m’a écrit. Mais on se connaît tous. Le secrétaire général de l’ONU actuel, Antonio Guterres, j’étais dans l’opposition quand il est venu ici pour moi. Donc moi, je les connais depuis avant eux tous. Il y en a qui font comme si c’est eux qui connaissent les gens. Mais nous tous on connaît les gens. Et puis bon, nous comptons sur nous-mêmes pour avancer. C’est pour ça que nous ne sommes pas tout le temps en train de crier untel vient à mon secours. Un homme, tu fais ce que tu as à faire. Maintenant celui qui veut t’aider, il vient t’aider. S’il vient volontairement, il est plus fort. Mais si c’est toi qui l’appelle, tu ne sais même pas si c’est par politesse qu’il est là.
Donc, l’ONU a déjà écrit, mais ils vont venir pour lui dire qu’on t’avaient parlé. Voilà. Donc, c’est la lutte. On continue. On va doucement, doucement. Mais on se bat. Donc c’est ça, les enjeux de la bataille. Ça c’est les enjeux formels. Mais les enjeux de fond, il faut que la politique de la Côte d’Ivoire change. Ça c’est les enjeux de fond. Il faut que cette politique-là change de fond en comble. Il faut que ça change.
Je regarde les gens. Tout est ruine et désolation. Mais enfin. Nous avons entrepris des travaux qu’il faut continuer et qu’il faut terminer. Et là, j’ai fait les travaux. La campagne va venir, on va parler. Il y en a qui disent, mais Gbagbo était là, il a fait quoi ? Je vais leur dire ce que j’ai fait.
La guerre qu’ils ont amenée, je l’ai contenue. Je vois des gens essayer d’expliquer. «Non, mais nous étions exclus. C’est pourquoi»… J’ai été élu le 22 octobre. J’ai prêté serment le 26 octobre. Nous avons fait le premier conseil des ministres le 27 octobre. On était au conseil des ministres quand on m’a dit qu’il y a des morts à Yopougon. Le charnier de Yopougon. J’ai envoyé Boga, Lida, et le ministre de la Justice là-bas pour aller voir. Je n’avais même pas fini de former les administrations. La première attaque, j’étais au village. Ils nous attaquent le 6 janvier. Je dis mais, Je suis arrivé au pouvoir à la fin octobre. Novembre, décembre, début janvier, on nous attaque. J’ai fait quoi en deux mois? Pour qu’on nous attaque, oui! En deux mois, j’ai fait quoi ? Pour qu’on nous attaque, oui ! En deux mois, j’ai fait quoi? Qui mérite qu’une rébellion nous attaque? Mais ça, ce sont des débats qu’on va avoir. Vous faites une rébellion pour mettre quelqu’un au pouvoir. Dites qu’untel. Mais j’arrive au pouvoir le 27 octobre. Le 6 janvier, vous m’attaquez. J’ai fait quoi ? Les ministres n’ont même pas fini de former leurs cabinets. Moi, même, je n’ai même pas fini de former mon cabinet. S’ils veulent qu’on en parle, on en parlera. En tout cas, moi, je veux qu’on en parle. Vous voyez, donc si les gens veulent qu’on parle des rapports qu’on a eus, de ce qu’ils nous ont fait, ils vont nous expliquer les mesures que j’ai prises qui allaient contre les boubous. Parce que beaucoup, oui, on ne peut pas porter des boubous. Moi-même, j’étais en boubou..
Donc, chers camarades, c’était ça.. Je suis heureux qu’on ait cette réunion, mais tout ce que j’ai dit, c’est simplement pour que vous sachiez que nous avons quelque chose à dire. Si on en a l’occasion. Que nous ne sommes pas des silencieux. Nous ne sommes pas des gens qui ont péché et qui ont peur de parler. Non, on n’a pas peur de parler. Mais on ne veut pas parler au hasard.
Donc, je vous remercie.