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Le Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) ont jugé nécessaire de plaider en faveur d’une plus grande reconnaissance des contributions apportées par la pêche continentale. Cela en raison des opportunités importantes qu’elle peut offrir – en particulier pour les groupes les plus pauvres et autrement marginalisés. Cet appel a été lancé en septembre 2024 à Dakar, lors des travaux de la 20e session du Comité des Pêches continentales et de l’Aquaculture en Afrique (CPCAA). L’événement a été marqué par le lancement de la dernière édition de la Circulaire 942 portant sur l’état des ressources halieutiques mondiales (pêches continentales), en présence de nombreux acteurs sectoriels.
La Circulaire 942 du Comité, document de référence contribuant à une compréhension globale de la pêche continentale ainsi qu’au dialogue sur son rôle actuel et futur, relève qu’en dépit de l’importance et la pertinence des pêches intérieures dans l’atteinte des objectifs mondiaux de développement et de conservation, elles sont souvent négligées ou marginalisées dans les débats sur le développement. Leurs répercussions sur le quotidien des populations se font de plus en plus sentir.
En effet, plus de la moitié des personnes sous-alimentées dans le monde vivent en Asie et plus d’un tiers en Afrique, régions où la production halieutique intérieure peut être plus importante. En outre, l’Asie représente près des deux tiers des captures totales mondiales tandis que l’Afrique a le deuxième plus grand volume de captures et une production annuelle par habitant plus élevée que l’Asie.
« La pêche continentale est importante en termes de production, de productivité et d’efficacité. Sa contribution aux moyens de subsistance incluent la sécurité alimentaire et la nutrition dans le cadre des systèmes alimentaires. Il faut en faire une priorité et la redéployer vers les populations qui en ont grandement besoin », préconise Vera Agostini, directrice adjointe de la division des Pêches et de l’Aquaculture à la FAO.
Saluant ce document « d’une très grande importance et très complet », Chérif Mohamed, responsable du bureau pays de la Banque africaine de développement au Sénégal, estime qu’il renseigne clairement sur la situation des ressources et de leur exploitation, mais aussi sur les contributions de la pêche à la sécurité alimentaire et aux moyens d’existence des communautés qui en dépendent.
«Il s’attache aussi pour la première fois à souligner l’importance des pratiques et des modes de gestion traditionnels pour la durabilité de ces pêcheries», indique M. Chérif.
Selon lui, le Groupe de la Banque continuera à mettre l’accent sur les investissements dans la gestion du capital naturel, la biodiversité et la conservation de la nature.
Fatou Diouf, ministre sénégalaise des Pêches, des Infrastructures portuaires et maritimes, note que les pays du continent portent un réel intérêt aux différentes études sur la pêche continentale et l’aquaculture. «Face à une production insignifiante, alors qu’il y a un potentiel existant, c’est ensemble que nous pouvons trouver des solutions durables. Il faut investir dans la transformation, aller vers la transformation bleue. Il y a un impératif à travailler collectivement pour atteindre cet objectif », soutient-elle.
La 20e session du Comité des pêches continentales et de l’aquaculture en Afrique s’est achevée le 25 septembre 2024. Elle a été suivie de la Conférence continentale de haut niveau des parties prenantes de la politique sur l’avancement de l’aquaculture durable pour la transformation bleue en Afrique.

Stéphane Badobré

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