La lenteur avec laquelle le Royaume-Uni a décrété un premier confinement face à la propagation du coronavirus l’an dernier a été une erreur grave découlant de l’absence de remise en cause de la pensée collective, ont conclu des députés britanniques dans un rapport publié mardi.
Un rapport parlementaire accablant, publié mardi 12 octobre, affirme que le gouvernement britannique a commis de « grosses erreurs » et tardé à agir au début de la pandémie de Covid-19, estimant qu’il s’agit de l' »un des plus importants échecs de santé publique » au Royaume-Uni.
« Les décisions relatives au confinement et à la distanciation sociale prises lors des premières semaines de la pandémie – et les conseils qui y ont conduit – constituent l’un des plus importants échecs en matière de santé publique que le Royaume-Uni ait jamais connu », ont affirmé les députés.
Le Royaume-Uni est l’un des pays les plus touchés d’Europe par le coronavirus avec presque 138 000 morts.
L’étude, réalisée par deux commissions parlementaires après des mois d’auditions, explique que le gouvernement conservateur de Boris Johnson, suivant l’avis de scientifiques, a adopté une « approche graduelle et progressive » plutôt que d’instaurer rapidement un confinement.
Jusqu’au 23 mars, les ministres ont « seulement (cherché à) modérer la vitesse de l’infection » dans la population plutôt que d’arrêter complètement sa propagation, espérant que se développe une immunité collective.
« S’il y a des leçons à tirer, le gouvernement est prêt à le faire »
Sur Sky News, le ministre Steve Barclay a expliqué que le gouvernement avait « suivi les avis scientifiques » et avait « pris des décisions pour agir vite », citant la campagne de vaccination menée tambour battant.
Concernant la décision d’instaurer un confinement, « à l’époque, on craignait que si nous confinions trop tôt, (la population) n’accepte pas de rester confinée pendant une longue période », ce qui n’a finalement pas été le cas, a-t-il reconnu.
Le ministre a refusé de présenter ses excuses mais a assuré que « s’il y a des leçons à tirer, le gouvernement est prêt à le faire ».
Le rapport publié mardi note que les scientifiques conseillant le gouvernement étaient « unanimes » le 13 mars « sur le fait que des mesures visant à supprimer complètement la propagation du Covid-19 provoqueront un second pic ».
Il est « étonnant » qu’il leur ait fallu tant de temps pour comprendre qu’un confinement complet était nécessaire, affirment les parlementaires, alors même qu’ils disposaient de preuves accablantes, comme un modèle de l’Imperial College London qui affirmait qu’une épidémie non endiguée pourrait entraîner 500 000 morts, montrant qu’un confinement était « inévitable ».
Succès de la campagne de vaccination
Les parlementaires ont aussi fustigé la décision de ne pas tester les personnes âgées sortant de l’hôpital avant qu’elles ne reviennent dans leur maison de retraite, ce qui a contribué à propager l’épidémie. Ils ont affirmé que certaines mesures (couvre-feu à 22 h pour les pubs, interdiction des activités sportives pour enfants en plein air) n’étaient pas fondées scientifiquement.
Tout en pointant échecs et retards, le rapport souligne le succès de la campagne de vaccination qui a débuté en décembre 2020. Plus de 78 % des plus de 12 ans sont désormais complètement vaccinés contre le Covid-19.
« La réponse du Royaume-Uni a combiné de grosses erreurs et de grandes réussites », comme le programme de vaccination, ont affirmé dans une déclaration commune les députés conservateurs Greg Clark et Jeremy Hunt, présidents des deux commissions en charge du rapport, appelant à en « tirer les leçons ».
Pour Jonathan Ashworth, chargé des questions de santé au sein du Labour, principal parti d’opposition, les conclusions de ce rapport sont « accablantes » et montrent que des « erreurs monumentales » ont été commises.
Une enquête publique sur la gestion de la pandémie par le gouvernement est prévue en 2022.