426 milliards de Francs CFA : c’est le manque à gagner pour les caisse de l’Etat ivoirien depuis dix ans en raison de la fraude à l’électricité dans le pays. C’est ce que révèle cette semaine une enquête de l’hebdomadaire ivoirien L’Eléphant déchaîné. Et malgré des récents progrès dans la lutte contre ce fléau, la capitale économique ivoirienne concentre toujours les trois-quarts de la fraude.
Dans une artère commerçante d’un quartier populaire d’Abidjan, au dernier étage d’un immeuble, un habitant qui souhaite garder l’anonymat montre des câbles électriques surplombant la rue : « Vous voyez les deux immeubles là, l’intervalle des deux immeubles ? Je pense que le compteur doit se trouver là. En fait là où le compteur est situé, je n’ai aucune idée… Mais j’ai l’électricité chez moi. »
Cela fait deux ans que ce couturier père de famille a renoncé à son abonnement à la Compagnie publique d’électricité (CIE) pour s’approvisionner illégalement via « un revendeur ». Des fraudeurs souvent bien organisés, qui ont plus d’un tour dans leurs caisses à outils pour raccorder illégalement plusieurs habitants au réseau électrique puis créer des circuits de revente parallèle. Pour avoir recours à un revendeur notre couturier risque jusqu’à cinq ans de prison et une amende pouvant aller jusqu’à 50 millions de FCFA, soit 76 000 euros.
Et malgré les récents coups de filet des autorités, il préfère prendre le risque. « Dans ce cas-là vous allez attraper toute la Côte d’Ivoire parce que ce que je ne suis pas le seul. Dans ce quartier, presque tout le monde utilise cette électricité [frauduleuse] parce que ça coûte cher. Avec une télé, un ventilateur et un congélateur ta facture peut te grimper à 25 000 francs CFA voire 30 000 francs CFA. Alors qu’avec eux ça peut te coûter 10 000 francs. (Si) nous on est dedans, c’est que la vie est chère. »
Des installations illégales mais aussi dangereuses. Chaque année, elles sont en effet à l’origine de nombreux accidents ou incendies dans les différents quartiers de la capitale économique ivoirienne.