C’est la première rencontre entre négociateurs américains et chinois depuis la trêve de 90 jours annoncée le 1er décembre au sommet du G20 de Buenos Aires. Des représentants des deux plus grandes économies du monde discutent ce lundi 7 janvier à Pékin pour travailler à un accord sur les nombreux et vieux différends commerciaux qui les opposent. Un optimisme prudent entoure ce sixième round de négociations. Des deux côtés, on estime qu’il y a urgence à se mettre d’accord.
Lors du sommet du G20 à Buenos Aires il y a un mois, Donald Trump et Xi Jinping se sont donnés jusqu’à début mars pour y parvenir. Sinon, les droits de douane supplémentaires que les Etats-Unis menaçaient d’appliquer en janvier le seraient au printemps, avec des représailles à attendre ensuite de la part de Pékin.
A entendre Donald Trump ces derniers jours, Pékin serait en position de faire des concessions. « Leur économie va mal » a dit le président américain encore ce week-end.
Et c’est vrai !
En général, les économistes se méfient de la fiabilité des chiffres officiels chinois.
Mais la croissance affichée à la fin de l’année 2018, bien que remise en question, est au plus bas depuis la crise financière il y a 10 ans.
Sur place, le ralentissement est visible.
Des usines qui fonctionnaient à plein-régime ont mis en congé leurs salariés dès le mois de décembre pour le nouvel an lunaire… qui n’est fêté que début février.
Les entreprises, en particulier les plus petites ont d’énormes difficultés à se financer.
Même la consommation intérieure ralentit. Les ventes de véhicules neufs, un indicateur plutôt fiable, reculent.
Et le gouvernement chinois a dû recourir aux vieux remèdes en injectant 117 milliards de dollars dans le système financier, tout en pressant les banques de prêter aux entreprises.
Est-ce que ça veut dire que les Chinois feront des concessions aux Américains dès cette semaine ?
Non, parce que les négociateurs qui se voient ce lundi et demain encore à Pékin ne sont pas les têtes d’affiche des négociations. Certes, les faucons du département du commerce sont du voyage. Mais ils préparent surtout le terrain pour des rendez-vous plus importants: le voyage du vice-Premier ministre chinois, le tout puissant Liu Hé, le mois prochain à Washington. Et puis avant cela, la rencontre entre Donald Trump et le vice-président chinois au sommet de Davos fin janvier.
Ces dernières semaines, les Chinois ont déjà multiplié les gestes de bonne volonté. Ils ont annoncé qu’ils achèteraient plus de produits agricoles américains pour répondre à une des principales demandes de M. Trump de rétablir la balance. Ils ont promis d’établir des règles pour empêcher le transfert forcé de technologie, et d’ouvrir davantage le marché chinois aux entreprises concurrentes étrangères.
La réunion de Pékin est importante parce qu’elle permet à la partie américaine de vérifier que les Chinois sont bien sincères et qu’il y aura moyen de vérifier que les engagements sont bien mis en œuvre.
Le «cas» Huawei
Huawei, le géant mondial des télécommunications, sera bien sûr au menu des discussions. L’une de ses dirigeantes a été arrêtée au Canada le mois dernier. Elle est poursuivie au Etats-Unis pour avoir contourné les sanctions contre l’Iran.
Ces dernières semaines, les Chinois ont arrêté treize ressortissants canadiens en représailles. Pour Pékin, on cherche à saper l’influence mondiale de la Chine dans les nouvelles technologies.
Cette affaire embarrasse tout autant Donald Trump, et lui aussi aimerait bien clore le chapitre de la guerre commerciale avec la Chine.
Même si l’économie américaine se porte mieux, les perspectives d’une « guerre » prolongée, à laquelle s’ajoute le blocage de l’administration américaine (le « shut-down ») dont on ne voit pas non plus l’issue, agitent énormément les marchés. Et les marchés, Donald Trump y est très attentif.
D’autant plus, qu’aux Etats-Unis, les regards sont déjà portés sur 2020 et les prochaines élections américaines !
►En bref,
Les Chinois feront profil bas, au CES… La grand-messe de la Tech s’est ouverte dimanche à Las Vegas aux Etats-Unis
Pas de prise de parole publique prévue pour les dirigeants d’entreprises chinoises, notamment ceux de Huawei qui, l’année dernière, s’étaient exprimés pour critiquer le climat de défiance vis-à-vis des produits chinois aux Etats-Unis, taxés d’espionnage. Les entreprises chinoises sont moins bien représentées cette année à Las Vegas, même si elles occupent encore un quart des stands, derrière les Etats-Unis. La France, de son côté, n’a jamais été aussi bien représentée avec 420 entreprises, des grands groupes mais surtout des start-ups. En revanche, beaucoup moins de politiques français feront le déplacement, crise des gilets jaunes oblige !