Après avoir exclu, mercredi 13 mars, l’hypothèse d’une sortie sans accord de l’Union européenne, les députés britanniques ont décidé ce jeudi soir de reporter la date du Brexit, pour le moment programmé au 29 mars.
Ce sera donc un report. A quinze jours de la date initialement prévue du Brexit, les députés ont décidé par 413 [412 annoncées initialement] voix contre 202 l’extension de l’article 50 du traité sur l’Union européenne qui permet et encadre la sortie d’un Etat membre de l’UE. Celle du Royaume-Uni a été décidée par référendum le 23 juin 2016.
La motion votée par la Chambre des communes (députés) prévoit un court report du Brexit – jusqu’au 30 juin – dans le cas où les députés approuveraient d’ici le 20 mars l’accord de retrait de l’UE de Theresa May, qui compte donc le soumettre au vote une troisième fois. Mais celui-ci a déjà été présenté deux fois aux députés et retoqué autant de fois, donc la sortie britannique de l’UE est improbable d’ici le 29 mars. Car même si les ultra-brexiters et le DUP nord-irlandais se laissaient d’ici là convaincre d’appuyer son accord, il restera toujours une bonne vingtaine d’irréductibles brexiters qui ne changeront jamais d’avis. La bouffée d’air frais pour la Première ministre, qui a toujours promis une sortie de l’UE pour le 29 mars, sera de courte durée.
Si l’accord est à nouveau recalé, le report devra aller au-delà du 30 juin. Cela impliquera l’organisation des élections pour le Parlement européen en mai.
Signe des profondes divisions qui agitent la majorité, 188 Tories ont voté contre, dont sept membres du gouvernement, parmis lesquels Stephen Barclay, ministre chargé du Brexit, ou Liam Fox, ministre du Commerce international.
Enfin, l’autre événement marquant de cette nouvelle série de votes est la lourde défaite pour les avocats d’un second référendum, puisque cette proposition, qui n’était pas soutenue par l’opposition travailliste, a été rejetée par 334 voix contre 85.
« Il faut prendre la mesure du fait que les Européens, depuis plusieurs semaines, s’étaient montrés favorables à une extension. Plus le temps passe, plus la question est délicate et tout est pondéré côté européen, analyse Elvire Fabry, chercheuse à l’Institut Jacques Delors. Finalement, tout le problème du scénario d’un no deal est un impact négatif majeur. Est-ce que simplement le report de cette échéance, de ce risque, donne plus de visibilité ? Ce n’est pas évident. Et quelles seraient les conditions pour qu’on puisse obtenir une majorité quelconque au sein de la Chambre des communes sur un quelconque autre deal qui permette d’éviter ce no dealpendant la période d’extension, c’est tout le problème. La décision qui sera prise par les chefs d’Etat et de gouvernement la semaine prochaine, ce n’est pas si évident que cela débouche sur l’unanimité des 27. »
Pour le leader de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, Theresa May devrait accepter que son accord, qui prévoit une sortie du marché unique et de l’union douanière européenne, n’est pas « une option viable ».Lors d’une rencontre avec le Premier ministre irlandais Leo Varadkar à Washington, le président américain a également décoché plusieurs flèches contre Theresa May, estimant que le Brexit « aurait pu être négocié d’une autre façon » et se disant « surpris de voir à quel point tout se passe mal ».