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A la tribune des Nations Unies, samedi 24 septembre 2022, le Premier ministre par intérim du Mali, Abdoulaye Maïga, a assuré que le peuple malien restait reconnaissant des efforts et des sacrifices consentis par la Mission des Nations Unies, la MINUSMA, mais estimé que, près de 10 ans après son établissement, les objectifs pour lesquels elle a été déployée au Mali « ne sont pas atteints ».

Il a donc réitéré la demande « maintes fois exprimée » de son gouvernement d’un « changement de paradigme » et d’une « adaptation de la MINUSMA à l’environnement dans lequel elle est déployée et d’une meilleure articulation de cette mission avec les autorités maliennes ».

Le Premier ministre a d’autre part exprimé son « profond désaccord » au Secrétaire général de l’ONU à la suite de sa « récente sortie médiatique », l’accusant de « prendre position » sur l’affaire des 46 « mercenaires » ivoiriens, « une affaire bilatérale et judiciaire », entre deux pays frères, qui « ne relève pas des attributions » de M. Guterres.

M. Maïga s’en est également pris à plusieurs dirigeants d’Afrique de l’Ouest. Au Président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo, il a signifié qu’il existe un « principe de subsidiarité » entre la CEDEAO et les Nations Unies et « non un principe de mimétisme ».

Processus de transition
M. Maïga a ensuite expliqué que, depuis le mois d’août 2020, le Mali se trouve dans un processus de transition, qui prendra fin le 26 mars 2024 par le transfert de pouvoir aux autorités élues. D’ici à cette échéance, et conformément aux recommandations des assises nationales de la refondation, les autorités de la transition se sont engagées, dans deux chronogrammes convenus avec la CEDEAO, à faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, dont l’objectif ultime est de refonder l’État malien, afin qu’il réponde aux aspirations profondes et légitimes de notre peuple à la paix.

Peu de gens savent, a ajouté le Premier Ministre, que le Mali est le seul pays au monde dans lequel se superposent et se déroulent simultanément « quatre types d’insécurité: le terrorisme, les conflits communautaires manipulés par les terroristes et leurs parrains étatiques étrangers, la criminalité transnationale organisée et les actions violentes d’individus isolés ».

Saluant les Forces de défense et de sécurité du Mali, « déterminées à faire face à toutes les menaces, d’où qu’elles viennent », et affirmant que les groupes terroristes avaient été « sérieusement affaiblis », M. Maïga a toutefois reconnu que la solution uniquement militaire ou sécuritaire avait ses limites.

C’est la raison pour laquelle, en appui à l’action militaire, le gouvernement du Mali s’est doté d’une stratégie globale et intégrée, avec comme objectif la restauration de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire national, a poursuivi le Premier Ministre. M. Maïga a insisté sur la mise en œuvre parallèle, « diligente et intelligente » de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issue de l’Accord d’Alger, qui demeure une priorité stratégique des autorités de la transition.

Influences extérieures négatives
Le Premier Ministre a par ailleurs dénoncé « les influences extérieures négatives ». Le monde se souviendra « qu’après avoir été abandonné en plein vol », le 10 juin 2021, par la France qui a décidé unilatéralement de retirer la force Barkhane du Mali, son pays a été ensuite « poignardé dans le dos » par les autorités françaises, a déclaré M. Maïga.

Accusant la France d’avoir violé l’espace aérien malien plus d’une cinquantaine de fois en apportant des « renseignements, des armes et munitions aux groupes terroristes », il a rappelé que, le 15 août dernier, le Mali avait officiellement demandé une réunion urgente du Conseil de sécurité sur cette question et a reproché à la France de faire obstacle à un tel débat destiné à « la manifestation de la vérité ». Tout en assurant que les opérations militaires des Forces de défense et de sécurité du Mali étaient conduites « dans le strict respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire », il a ajouté que le Mali « s’oppose avec véhémence à l’instrumentalisation de la question des droits de l’homme à des fins politiques, de positionnement, voire de chantage ou d’intimidation ».

Enfin, M. Maïga s’est voulu rassurant en réaffirmant que les autorités de la transition malienne n’avaient d’autres objectifs que de faire des réformes politiques et institutionnelles, avant d’organiser des élections, tout en luttant obstinément contre le terrorisme. Ces réformes permettront, a-t-il conclu, d’améliorer la gouvernance et toutes les dispositions seront prises pour que la démocratie malienne soit la « plus enviée au monde ».

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