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Le journaliste ivoirien Noël Konan fait partie des 600 journalistes de l’International Consortium of Investigative Journalists (l’ICIJ) à l’origine de l’affaire des Pandora papers. Enquêteur à L’Eléphant Déchaîné, un hebdomadaire satirique ivoirien fondé en 2011, sur le modèle du Canard enchaîné français, il se plaint de n’avoir pas vu son article paraître ce mardi 5 octobre en exclusivité dans le journal pour lequel il travaille. Il a donc écrit un petit tweet qui a fait des vagues: «Ce que je craignais depuis un moment a fini par arriver. Mon enquête sur le Premier ministre, Patrick Achi, n’a pas été publiée dans mon organe.» Une sortie qui a vite fait réagir la direction de l’Eléphant Déchaîné, qui n’y est pas allée de main morte.
«Une information, tendant à faire croire que la rédaction de « L’Éléphant Déchaîné » aurait refusé de publier l’enquête concernant le Premier ministre Ivoirien dans le cadre des « Pandora Papers » circule depuis ce matin sur les réseaux sociaux. Cette information, qui est un arrangement avec la vérité, a été publiée par François-Hume, correspondant local de RFI, sans même avoir pris le soin de contacter la Rédaction du journal. La rédaction de « L’Éléphant Déchaîné » s’inscrit en faux contre cette allégation», a recadré la direction de l’Eléphant Déchaîné. Avant d’expliquer ses réserves pour la publication de l’article incriminé. «Dans le cas ivoirien, la rédaction de « L’Eléphant Déchaîné  » avait demandé des informations complémentaires et ses vérifications personnelles n’ont pas établi de mouvements financiers ni d’actifs disponibles pour le premier cas sur les 5 cas ivoiriens. D’ailleurs, le consortium lui-même a reconnu que concernant le premier ministre ivoirien, la structure en question n’a jamais eu d’actifs», précise le communiqué.
Dans sa démarche de «ne rien affirmer, ne rien amalgamer sans preuve», L’Eléphant Déchaîné dit avoir émis d’entrée de «sérieuses réserves». C’est donc naturellement que «la rédaction, en accord avec le journaliste enquêteur, avait convenu de différer la publication à mardi prochain et d’informer le consortium à cet effet. Le temps de tout mettre en œuvre pour vérifier la nouvelle pièce, l’enquête, a été publiée comme annoncée par le confrère de RFI, sur un site internet, qui n’est pas partenaire du consortium, ce qui permet de comprendre l’objectif visé», se dédouane le magazine.
Si l’on en croit Noël Konan, dans le cadre de son enquête non publiée par L’Eléphant Déchainé mais endossée par www.enquetemedia.org, le chef du gouvernement ivoirien Patrick Achi avait créé une société offshore aux Bahamas au moment où il était conseiller technique du ministre de l’Energie de 1997 à 1999. Il s’agirait de Allstar Consultancy Services Limited, constituée le 1er décembre 1998 avec un capital social de 50.000 dollars US soit 28.283.280 francs CFA.
Le journaliste assurait hier soir que depuis la publication de son article, il ferait l’objet de fortes pressions. Sans plus de précisions.

Stéphane Badobré

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