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Huit mois après son inhumation, les funérailles traditionnelles de feu, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly vont se dérouler du 1er au 11 avril 2021, à Korhogo. Dans cet entretien, Dr Coulibaly Mamadou, membre de la famille, lève un coin du voile sur les différentes articulations de ces rites funéraires et rassure les uns et les autres sur le caractère festif de ces funérailles en dehors de quelques parties exclusivement réservées aux initiés du Poro.

Les funérailles traditionnelles de feu, le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly vont se dérouler du 1er au 11 avril sur la terre de ses ancêtres à Korhogo. Après les funérailles qui ont été organisées en juillet 2020, quelle est la portée de ces funérailles traditionnelles ?

N’importe quel senoufo a droit à des funérailles après sa mort. Dans notre culture, c’est une pratique obligatoire et il n’y a pas de contrainte de temps entre la mort de quelqu’un et l’organisation de ses funérailles. Quelqu’un peut mourir, on peut l’enterrer et organiser en même temps ses funérailles tout comme on peut l’enterrer et se donner le temps d’organiser plus tard ses funérailles. Cela peut prendre le temps que ça peut prendre, mais un Sénoufo ne peut pas mourir sans avoir eu des funérailles. C’est inconcevable. Dans notre culture, nous pensons que tant que les funérailles de quelqu’un qui est décédé n’ont pas été faites, son âme continue d’errer dans la communauté des vivants et ne peut pas rejoindre celle des ancêtres tant qu’il n’y a pas eu de funérailles pour signifier son passage du monde des vivants à celui des ancêtres. C’est au terme de l’organisation des funérailles que l’âme du défunt peut quitter le village et la communauté pour rejoindre celle des ancêtres. C’est tout le sens des funérailles que nous allons organiser du 1er au 11 avril pour le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly.
Mais est-ce que le fait d’organiser des funérailles longtemps après le décès et l’enterrement de quelqu’un ne va pas raviver la douleur au sein des proches du défunt ?

Dans la culture Sénoufo, les funérailles ne sont pas une occasion de tristesse. Et justement pour exorciser la tristesse et la douleur de la perte d’un être cher, les Sénoufo font des funérailles une fête.
Dans ce cas précis, il se trouve que le Sénoufo qui est décédé était un grand homme d’Etat qui avait l’estime et l’admiration de beaucoup d’Ivoiriens et même au-delà. L’on entend dire que ces rites funéraires sont réservés aux initiés. Est-ce que des personnes extérieures à la culture Sénoufo peuvent participer à ces funérailles traditionnelles ?
Pour ces funérailles tout le monde est le bienvenu. Comme je le disais tantôt, chez nous les funérailles sont considérées comme une fête, même si parfois elles peuvent raviver des souvenirs douloureux et amener certains à pleurer. Pour ces funérailles qui s’ouvrent le 1er avril, tous ceux qui ont aimé le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et qui veulent lui rendre encore des hommages sont les bienvenus. Evidemment, le défunt étant lui-même un initié, il y a une partie rituelle et incompressible réservée uniquement aux initiés, conformément à la tradition. En d’autres termes, tout le monde peut venir à Korhogo pour assister à ces funérailles, mais seuls les initiés du Poro pourront activement conduire les célébrations. Tout le monde peut venir en tant que participant ou observateur, mais la première partie qui part du 1er au 5 avril est exclusivement réservée aux initiés des différentes générations. Pour me résumer, tout le monde peut venir regarder, mais l’exécution est du ressort exclusif des initiés. Je tiens aussi à préciser qu’au niveau de la partie purement rituelle, il y a des séquences ouvertes à tous les hommes. Initié ou pas, Sénoufo ou pas, noir ou blanc etc. Mais au niveau des femmes, il y a des restrictions. Aucune femme, en dehors des femmes initiées, ne peut voir ces séquences-là. En dehors de la partie rituelle, tout le reste n’est que réjouissance.
Il y aura assurément du monde à Korhogo. Est-ce que des dispositions ont été prises pour guider tous ceux qui vont effectuer le déplacement pour ne pas tomber sous le coup du sacré ?
A ce niveau, il n’y a aucun problème. Comme je l’ai déjà souligné, la partie rituelle qui comporte des interdits se déroulera du 1er au 5 avril. Et dans ce programme, il y a une journée qui sera totalement fermée aux non-initiés. Ceux qui vont effectuer le déplacement ne pourront donc rien voir de cette séquence qui est exclusivement réservée aux initiés. Sur le terrain, les informations seront largement diffusées pour permettre à tout un chacun de ne pas poser un faux pas. A chaque étape et à chaque séquence, il y aura donc des guides pour orienter tous ceux qui viendront.
Dans le programme qui nous est parvenu, il y a un pan qui est réservé aux peuples alliés et aux autres régions du pays. Comment cette partie sera-t-elle exécutée ?
Comme je ne cesse de le répéter, les funérailles en pays Sénoufo se déroulent comme une fête. A cet effet, les peuples alliés et des autres régions qui le désirent peuvent venir avec des danses, sacrées ou pas. Cette partie se déroulera au Gbondala (NDLR : Cour familiale des Gbon) où les nouvelles leur seront demandées par la famille. Ceux qui viendront pour rendre encore des hommages au défunt pourront le faire, ceux qui viendront aussi avec des danses pourront faire leur prestation.
Est-ce que vous avez un message à lancer à l’endroit de tous les étrangers qui viendront à Korhogo pour prendre part à ces funérailles traditionnelles ?
J’aimerais dire à tous ceux qui ont aimé et apprécié le Premier ministre Amadou Gon Coulibaly et qui souhaitent venir lui rendre des hommages qu’ils sont les bienvenus à Korhogo. J’aimerais aussi les rassurer que rien de dangereux, de quelle que façon que ce soit ne leur arrivera. Sur le terrain, toutes les dispositions seront prises pour que la participation à ces funérailles ne constitue aucun risque pour tous ceux qui vont effectuer le déplacement, initiés ou pas. La dimension nationale du Premier ministre Amadou Gon le commande et tout sera mis en œuvre pour que ses funérailles soient une véritable fête afin que son âme puisse reposer en paix pour toujours auprès de nos ancêtres.

Sercom organisation

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