La Côte d’Ivoire, à l’instar des autres pays d’Afrique, célèbre chaque 18 novembre, la Journée Africaine de la Statistique (JAS).
Cette journée vise à sensibiliser le grand public à l’importance des statistiques dans tous les aspects de la vie sociale et économique d’une nation.
Le thème de cette année 2020, « Moderniser les systèmes statistiques nationaux pour fournir des données et des statistiques en vue de soutenir la paix et le développement durables en Afrique », cadre parfaitement avec celui de l’Union africaine, qui est « Faire taire les armes : Créer des conditions propices au développement de l’Afrique ».
Ce thème a été choisi pour sensibiliser les décideurs, les partenaires au développement, les producteurs et les fournisseurs de données, les chercheurs ainsi que le grand public sur l’importance des statistiques de gouvernance, paix et sécurité ainsi que des statistiques socioéconomiques pour atteindre l’objectif d’une Afrique sans conflits.
En effet, la paix, la sécurité et le développement socioéconomique doivent faire l’objet d’une quête simultanée et permanente pour que « faire taire les armes » devienne une réalité sur tout le continent.
A ce niveau, la contribution des statistiques ne se limite pas à compter les afflictions causées par les conflits ethniques, étatiques ou autres. Les statistiques doivent également être utilisées pour créer des conditions propices au développement de l’Afrique.
Les statistiques sur la gouvernance, la paix et la sécurité sont fondamentales pour garantir que la relation entre l’État et la société est inclusive, transparente et responsable, gage d’une paix durable. Elles aident à identifier les groupes ou sous-groupes de la population les plus vulnérables, permettent la mise en place des politiques ciblées afin de ne pas faire de « laissés-pour-compte » et contribuent à la prévention et à la gestion des conflits et de la violence.
Les données actuellement disponibles indiquent que l’Afrique obtient de mauvais résultats pour toute une série d’indicateurs de gouvernance, de paix et de sécurité par rapport à d’autres régions du monde. En éduquant les citoyens à l’utilisation des données statistiques pour éclairer les choix qu’ils font, les systèmes statistiques nationaux peuvent renforcer le débat démocratique dans un pays.
Quant aux statistiques socioéconomiques, elles sont essentielles pour comprendre et utiliser les informations économiques à des fins de planification et de conception des politiques publiques. Elles permettent des mesures plus larges des inégalités à savoir les revenus, la consommation, la richesse et les opportunités ainsi que des mesures du bien-être, telles que la satisfaction dans la vie et le niveau de confiance.
La prise de décisions macroéconomiques fondées sur des données statistiques est la meilleure façon d’assurer une croissance économique forte et la création d’emplois, ce qui permettra de sortir davantage de personnes de la pauvreté et d’accroître leur productivité.
La pandémie de COVID 19 a révélé les faiblesses de nombreux systèmes, notamment les limites des méthodes traditionnelles de collecte de données et de statistiques.
En effet, la mise en œuvre de diverses stratégies pour contenir la pandémie, a considérablement affecté la collecte en temps voulu des données et des statistiques nécessaires pour éclairer la prise de décisions dans de nombreux pays. Selon un rapport publié par la Commission Economique pour l’Afrique (CEA) en Mars 2020, 25% des enquêtes prévues ont été interrompues ou suspendues et 29% ont été reportées. Par ailleurs, 22% des activités de recensement de la population et de l’habitation ont été suspendues dont celles de la Côte d’Ivoire.
Selon un autre rapport de 2020 de la CEA sur les progrès accomplis dans la réalisation des objectifs de développement durable et la disponibilité des données en Afrique, le continent a globalement régressé en ce qui concerne l’objectif 16, Paix, justice et institutions efficaces.
Parmi les principales justifications de l’absence de publications régulières des statistiques liées à la paix, justice et institutions au niveau national, on peut citer :
le manque de financement qui a un impact négatif sur la production en temps voulu de statistiques officielles ;
le faible niveau de soutien politique pour la production de statistiques sur la gouvernance ;
l’insuffisance des capacités institutionnelles et de la responsabilisation.
Un financement public plus durable devrait être alloué aux systèmes statistiques nationaux en Afrique pour la production régulière de statistiques de base relatives à la paix et au développement durable, afin de tenir la société et le gouvernement bien informés.
C’est pourquoi, je salue les efforts qui sont faits par le Gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers, ces dernières années, pour permettre à notre pays de moderniser son système statistique national.
Je voudrais les exhorter à poursuivre ces efforts afin de doter la Côte d’Ivoire d’un système statistique performant, capable de fournir de manière régulière et dans la durée, des données et des statistiques de haute qualité en vue de soutenir la paix et le développement durable.
Que Dieu bénisse la Côte d’Ivoire.
Je vous remercie.