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Les billets et les pièces de monnaie seraient d’importants vecteurs de transmission du Covid-19. De nombreux magasins les ont déjà bannis, ce qui pourrait précipiter la fin de l’argent liquide. Cette interdiction se répand dans beaucoup de commerces autour du monde, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), qui recommande d’utiliser des moyens de paiement sans contact. Ou, du moins, de se laver les mains après avoir touché des billets de banque. Le 26 janvier 2016 déjà, Les Echos nous rapportait les propos du patron de Deutsche Bank, John Cryan, qui a déclaré «Le cash, je pense, n’existera probablement plus dans 10 ans. Ce n’est pas quelque chose qui est nécessaire, c’est terriblement inefficace et cher». Si pour certains conservateurs il est difficile d’imaginer la disparition de cette monnaie d’échange concrète, l’avenir semble pourtant appartenir au virtuel.
Des paiements en espèces de plus en plus rares

Les banques françaises prévoient une chute de plus de 20% des paiements en espèces dans les cinq ans. Aujourd’hui pourtant, la moitié des paiements est réalisée en cash, contre 25% via une carte, 9% par prélèvement et 6.5% par chèques. Les 9.5% restant utilisent d’autres moyens de paiement. Doit-on donc vraiment s’attendre à une diminution aussi perceptible du paiement par cash ? La réponse est oui et le changement est déjà bien amorcé. Didier Cocheteau, président du comité de pilotage de la stratégie des espèces en France au sein de la Fédération Bancaire Française, explique ainsi que « l’usage du cash commence à reculer. On le voit à travers une régression des retraits dans les distributeurs automatiques de billets et du nombre de versements dans les agences bancaires. » Il évoque aussi une diminution notable du nombre de billets comptés dans les centres forts des transporteurs de fonds. Enfin, la Banque de France vient aussi confirmer cette tendance en relevant un besoin moindre en cash.

Le cash risque-t-il de disparaître ?

A terme, c’est bel et bien ce qui pourrait se passer. Plus globalement, c’est toute l’économie et le système monétaire qui devraient être bouleversés. Aujourd’hui, des fintechs menacent les banques en proposant des alternatives aux services proposées par ces dernières. Tout provient en réalité de l’essor du bitcoin, une monnaie décentralisée. Cette crypto-monnaie repose sur une technologie innovante : celle de la blockchain. Il s’agit en fait d’un registre décentralisé dans lequel sont indiquées toutes les transactions en bitcoin, ce qui permet de les vérifier. Cette nouvelle technologie apparait aujourd’hui comme particulièrement attractive car elle rend obsolète la notion de confiance en un tiers. En effet, la blockchain permet de réaliser des transactions sécurisées sans avoir besoin de faire confiance à une banque par exemple. Elle présente également l’avantage de réduire les coûts tout en assurant une transaction rapide. La menace engendrée par cette technologie a été prise très au sérieux par les différents acteurs du secteur financier et bancaire. Des groupes de travail sont actuellement formés et permettent un rapprochement des fintechs et des banques. L’objectif : développer des applications de la blockchain adaptées aux métiers du secteur bancaire. Dans ce contexte de dématérialisation, la place accordée au cash devient donc de plus en plus restreinte. La disparition du paiement en espèces aurait a priori l’avantage de lutter efficacement contre le blanchiment d’argent. D’un autre côté, on ne peut s’empêcher de penser au risque que représente un système entièrement digitalisé. Qu’arrivera-t-il le jour où une faille de sécurité sera repérée par des individus mal intentionnés ?

Vous l’aurez compris, rien n’est tout rose ni tout noir dans cette future économie. L’évolution nous amènera sans nul doute vers un monde sans cash. Bonne ou mauvaise nouvelle, chacun aura son propre point de vue sur la question. Il n’empêche que cela pourrait résoudre un certain nombre de problèmes (insécurité dans les métiers où la manipulation de l’argent est indispensable, fraude fiscale,…). L’avenir nous dira si ces choix auront un impact bénéfique ou non sur le commerce et les échanges en général.

Reste qu’une société sans cash n’est pas nécessairement un paradis. La Suède, parmi les pays les plus avancés dans ce domaine, a fait en partie marche arrière pour autoriser à nouveau une plus grande utilisation des billets et pièces de monnaie. En outre, un certain nombre d’organisations alertent sur le danger que représente une telle société pour les non-bancarisés: ceux-ci se retrouvent complètement hors du circuit financier, sans moyen de paiement même pour des besoins de base. Certains emplois, au noir, ne peuvent plus non plus être rémunérés.

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