La 37ème traditionnelle séance de formation de l’Autorité nationale de la presse (ANP) dite ANP Academy s’est tenue ce 23 avril 2025 à la Maison de la presse à Abidjan-Plateau. Le thème du jour était: « Le journaliste face aux sources d’information: opportunités et contraintes ». « La présente session marque le partenariat entre l’ANP et la Caidp. C’est la deuxième fois que nous nous associons pour contribuer au renforcement des capacités des acteurs de notre secteur. Le thème du jour est apparu comme un impératif pour l’ANP à une époque où la production de l’information n’est plus une exclusivité des journalistes. L’enjeu est donc de taille. Car il s’agit pour nous l’ANP et à la Caidp de l’avenir de nos organes de presse, de la crédibilité du journalisme. Et in fine de garantir le droit du public, du citoyen à une information de qualité. La question des sources d’information en journalisme reste non seulement fondamentale mais elle est intemporelle », a situé d’entrée le président de l’ANP, Samba Koné.
Après avoir énuméré une série de questions qui se pose aujourd’hui aux journalistes dans l’exercice de leur métier, il les a exhortés à jouer la carte de la crédibilité pour l’élection présidentielle d’octobre 2025 en Côte d’Ivoire. « Je voudrais inviter l’ensemble de la corporation à l’approche de l’élection présidentielle au strict respect des règles éthiques et professionnelles. Tous, nous savons le rôle et la place du journalisme dans la tenue d’une élection crédible et apaisée. Soyons donc à la hauteur de cette responsabilité sociale et contribuons au succès démocratique dans notre pays », a-t-il martelé.
Dr David Youant, enseignant à l’Istc et patron de presse, un des panélistes, a mis l’accent sur le respect du code de déontologie du journaliste ivoirien. Spécialiste des médias en Côte d’Ivoire, M. Youant a insisté sur la véracité et l’exactitude comme piliers de l’information. « L’article 2 du code de déontologie nous dit: Ne publier que les informations dont la véracité, l’exactitude sont établies », a-t-il souligné. La vérification systématique reste donc un crédo pour lui. Il a conseillé à son auditoire d’interroger plusieurs sources pour confirmer les faits. Ce qui sous-entend le recoupement des sources: Croiser des témoignages issus de milieux différents pour garantir la fiabilité de l’info.
Pour lui, la protection des sources est vitale pour le journaliste. Il ne faut jamais révéler les circonstances de l’obtention d’une information, même face à une source malveillante, a conseillé le spécialiste des médias. Il a fortement mis l’accent sur l’appropriation des règles déontologiques. Son approche intègre aussi une mise en garde contre l’Intelligence artificielle (IA), soulignant que les contenus générés par ces outils nécessitent une vérification accrue parce qu’il y a beaucoup d’erreurs.
Pour sa part, Bamba Karamoko, commissaire à la Caidp, a exposé sur les opportunités et les contraintes des sources d’informations pour les journalistes.
Il a mis l’accent sur les délais accélérés pour les journalistes qui bénéficient délai de réponse de 15 jours (contre 30 jours pour les citoyens) pour obtenir des informations publiques. Tout en regrettant que sur un total de 45 saisines en 2024, il n’y ait eu que 12 provenant des journalistes, M. Bamba a exhorté les spécialistes de l’information a bien formulé leurs requêtes adressées à l’Etat et à tous ses démembrements. En cas de refus de l’administration publique de communiquer l’information communicable, a-t-il indiqué, la Commission peut mettre en demeure les organismes et imposer des amendes. Et cela est déjà arrivé.
Notons donc que la loi ivoirienne offre des leviers juridiques inédits aux journalistes, mais son efficacité dépend de la collaboration des institutions et de la maîtrise des recours par les professionnels des médias.
Stéphane Badobré