La Cour pénale internationale reprend l’examen du dossier ivoirien. La chambre d’accusation examine aujourd’hui une demande de remise en liberté provisoire pour l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, ancien leader des Jeunes patriotes. Les audiences doivent reprendre demain, vendredi, à 10h, heure de La Haye.
La chambre d’instruction de la Cour pénale internationale (CPI) veut évaluer les risques que présenterait une éventuelle remise en liberté provisoire de ces deux responsables politiques ivoiriens. Tous les deux sont en détention dans la prison de Scheveningen, depuis 2011 pour Laurent Gbagbo et depuis mars 2014 pour Charles Blé Goudé. Ils sont poursuivis pour crimes contre l’humanité concernant les violences postélectorales de 2010-2011 en Côte d’Ivoire.
Après une demi-heure de débats à huis clos, les rideaux de la galerie s’ouvrent et le public, peu nombreux, suit les discussions sur la possibilité de remettre Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé en liberté provisoire. Eric Mc Donald, le substitut du procureur, reste ferme : les deux prévenus doivent rester en détention le temps de leur procès.
Selon lui, Laurent Gbagbo bénéficie toujours d’un « réseau de supporters » qui réclament sa libération et qui pourraient selon lui, organiser sa fuite. Quant à Blé Goudé, le procureur brandit une arme pour le décrédibiliser : de fausses pièces d’identités béninoises et maliennes.
Des conditions strictes
Le procureur soumet des conditions strictes en cas de remise en liberté provisoire de Laurent Gbagbo : il devra résider dans un pays signataire du statut de Rome et respectant ses principes ; il devra se présenter de manière hebdomadaire devant les autorités, porter un bracelet électronique avec un GPS et ne sera pas être autorisé à quitter sa résidence territoriale. L’accusation suggère le dépôt d’une caution de garantie auprès de la Cour. La liste est longue et beaucoup plus restrictive envers Charles Blé Goudé : le procureur recommande ainsi qu’il se présente deux fois par semaine auprès des autorités du pays d’accueil, et qu’un couvre-feu quotidien, de 23h à 3h du matin lui soit imposé.
Puis la défense prend la parole. Après 14 demandes de remise en liberté refusées depuis le début du procès, Me Emmanuel Altit rappelle que son client reste présumé innocent, que sa détention est supposée être une « exception ». Me Emmanuel Altit veut « éviter toute atteinte injustifiée des droits » de Laurent Gbagbo. Or selon lui, le procureur n’apporte aucune preuve de l’existence d’un « réseau » ou d’une « structure » reliée à son client et qui serait en mesure de le soustraire à la justice.
Selon l’avocat, l’accusation fait référence à « des admirateurs » et à des membres du FPI « jusqu’au-boutistes » sans pour autant fournir d’éléments probants sur « leurs intentions criminelles ». Les débats se poursuivent encore cet après-midi.