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La première centrale osmotique à grande échelle va être inaugurée dans le delta du Rhône. Elle générera de l’électricité grâce aux interactions entre les molécules de sel de la mer et d’eau douce du fleuve. La start-up Sweetch Energy parie sur une technologie innovante pour fournir une énergie à bon marché.
C’est en pleine Camargue, à Port-Saint-Louis-du-Rhône, que sera mise en fonction en cette fin 2024 la première centrale osmotique de France. Un projet unique au monde. Il aura fallu moins de dix ans à l’entreprise Sweetch Energy, en collaboration avec la Compagnie nationale du Rhône et EDF Hydro, pour mettre au point ce premier modèle de centrale reposant sur le principe de la diffusion ionique nano-osmotique. Traduit du jargon électrochimique, cela donne une centrale qui peut produire de l’électricité grâce à la rencontre entre l’eau du fleuve et de la mer. « Notre technologie peut permettre de produire de l’hydrogène, directement sans apport d’électricité extérieure. Il y a aussi la possibilité d’exploiter d’autres sources d’énergie osmotique, sur les sites industriels par exemple, via la génération de gradients de salinité, pour exploiter les chaleurs perdues basse température. Cette piste fait l’objet d’un programme financé par l’Europe, qui a octroyé à Sweetch Energy une subvention de 2,5 millions d’euros pour travailler sur le sujet. Enfin, il y a aussi des applications potentielles dans tout ce qui touche au traitement de l’eau, et plus généralement sur toutes les applications faisant appel à des membranes », explique directeur général de Sweetch Energy, Nicolas Heuzé. Il retraçait pour les Techniques de l’Ingénieur le cheminement de cette aventure entrepreneuriale, de la découverte scientifique d’un phénomène physique à son exploitation industrielle, dans le contexte de la transition énergétique. A la question de savoir où ils en sont, sa réponse est: « Depuis près de trois ans, nous avons démarré la mise à l’échelle de la technologie, qui va aboutir au démarrage d’un premier site pilote à l’embouchure du Rhône, sur le site de Barcarin sur la commune de Port-Saint-Louis. C’est un site idéal pour tester cette technologie, car il y a une coupure nette entre l’eau douce et l’eau salée. Les travaux pour construire l’installation se déroulent actuellement, pour une mise en service courant 2024 ».
Avant d’ajouter: « Nous sommes en partenariat avec la compagnie nationale du Rhône pour mettre au point le démonstrateur et plus généralement pour déployer l’énergie osmotique sur le Rhône, qui est le plus gros gisement naturel d’énergie osmotique en France, avec près de 500 mégawatts de potentiel d’installation. Nous avons aussi un partenariat avec EDF hydro, et des projets en France métropolitaine et en outre mer. Plus généralement, nous avons une activité assez large aujourd’hui, entre la mise au point des générateurs osmotiques, leur industrialisation à venir, l’identification et le développement de projets osmotiques ».

 

Stéphane Badobré

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