Le Siège de l’Union des 55 pays que compte l’Afrique a très fière allure à Addis-Abeba avec son magnifique amphithéâtre Nelson Mandela construit à l’emplacement d’une ancienne prison de triste réputation.
C’est un bâtiment prétentieux à l’architecture futuriste comprenant des bureaux et plus d’une centaine de salles de réunions agréables à hanter.
Ce magnifique centre de conférence et de complexe de bureaux construit à 200 millions de us dollars entre 2009 et 2012, accueille deux fois par an, les sommets des chefs d’Etat et de gouvernements de l’organisation panafricaine ainsi que des conférences et autres assemblées de très haut niveau.
Cependant, ce bâtiment qui devrait en principe constituer et illustrer la grandeur et la fierté de l’Afrique, est hélas le symbole de son manque de prétention et de volonté à affirmer sa personnalité internationale ainsi que sa légitimité à devenir une actrice majeure des relations internationales.
En effet, ce bâtiment a été « offert » (rien que ça), à l’Afrique par la Chine et son aile annexe par l’Allemagne.
Sur un continent où les symboles sont structurants et très souvent plus importants que les actes, on est autorisé à se demander comment et pourquoi 55 pays qui connaissent tous de fabuleux taux de croissance économique depuis deux décennies au moins dont leurs gouvernements se vantent à l’envi, ont été incapables de ramasser 200 millions de us dollars pour construire leur maison commune ?
La réponse à cette question que seul Dieu sait, aurait cependant été moins douloureuse et humiliante pour l’Africain lambda, sans cette découverte faite en 2017 et qui est à tout point de vue comparable au fait de déposer sur la table à côté d’un gâteau d’anniversaire, du cyanure.
En effet, en janvier 2017 des informaticiens du bâtiment, (qualifiés de zélés), ont découvert que l’intégralité du contenu des serveurs du bâtiment était transférée chaque nuit à plus de 8000 km, à Shangaï.
Cette découverte est venue d’un informaticien qui a remarqué que lesdits serveurs étaient toujours étrangement saturés entre minuit et 2 heures du matin, des heures où les bureaux sont pourtant vides.
Aussi curieux que la présence d’un parapluie et d’une machine à coudre sur la table d’un bloc opératoire, il n’y a avait donc aucune activité dans le bâtiment à ces heures, mais le transfert des données lui atteignait des sommets.
Il faut savoir que ce joyau architectural postmoderne qui est un : « Don de la Chine aux amis de l’Afrique », a été entièrement équipé par les Chinois avec des systèmes informatiques livrés clé en main. Comme on le dit chez nous : » les Africains aiment cadeaux ».
Une petite cellule d’informaticiens commis par l’organisation panafricaine pour enquêter sur cette affaire, a découvert l’existence dans le système informatique de : « backdoors » (portes numériques dérobées) qui donnent un accès discret à l’intégralité des échanges et des productions internes du bâtiment.
Malgré la curiosité médiatique mondiale à laquelle ces révélations ont donné lieu, cette « Affaire », comme on le dit encore chez nous : « n’est pas allée quelque part ! ».
Et personne n’a été témoin à ce jour, de l’émission d’une quelconque protestation. Sacrés Africains !
Moritié Camara
Professeur Titulaire d’Histoire des Relations Internationales