Spécialiste de l’Afrique et auteur de plusieurs ouvrages sur le continent, le journaliste Pierre Péan est mort jeudi à 81 ans. Sa première grande affaire : les diamants que l’empereur Bokassa de Centrafrique aurait offerts à Valéry Giscard d’Estaing.
Le journaliste Pierre Péan, enquêteur chevronné ayant pour sujets de prédilection l’Afrique, les médias et la face cachée des personnalités politiques – notamment le passé trouble de l’ancien président socialiste François Mitterrand pendant l’occupation nazie, est mort jeudi 25 juillet, a confirmé vendredi à l’AFP sa famille.
Pierre Péan est décédé « des suites d’une maladie » à l’hôpital d’Argenteuil, dans le Val-d’Oise, a précisé à l’AFP son fils, l’écrivain Jean Grégor, avec qui il avait rédigé son dernier livre, « Comme ils vivaient », une enquête sur le génocide méconnu des Juifs de Lituanie, parue l’an dernier au Seuil.
« Pierre Péan, le grand journaliste d’investigation, est mort jeudi soir 25 juillet à l’âge de 81 ans », avait rapporté jeudi soir L’Obs sur son site Internet, saluant « l’un des plus grands journalistes d’enquête français ».
En 1979, ce fils d’un coiffeur de l’ouest de la France, qui avait débuté dans des cabinets ministériels au Gabon avant de se lancer dans le journalisme, passant par l’AFP puis l’hebdomadaire L’Express, sort dans Le Canard enchaîné sa première grande affaire.
Il s’agit de diamants que l’empereur Bokassa de Centrafrique aurait offerts au président français Valéry Giscard d’Estaing. Le scandale aura un grand retentissement à deux ans de l’élection présidentielle.
En 1983, ce tiers-mondiste dans l’âme publie « Affaires africaines », sur les relations entre la France et le Gabon.
Il reviendra sur les sujets africains avec le génocide rwandais (dans « Noires fureurs, blancs menteurs » en 2005), où certains de ses propos sur les Tutsis feront polémique.
« C’était quelqu’un de simple, mais qui n’hésitait pas à s’attaquer à de grosses machines », et cela lui avait valu « une extraordinaire sympathie de la part du public », a confié à l’AFP Jean Grégor.
« Ma méthode est exclusivement fondée sur le temps », expliquait celui qui s’est aussi intéressé aux grands médias avec son livre « TF1, un pouvoir » (avec Christophe Nick) et son enquête « La Face cachée du Monde » (2003, avec Philippe Cohen), qui met à mal la réputation du quotidien français le plus respecté.
Pierre Péan s’est fait connaître avec ses enquêtes fouillées au long cours, qu’il publiait à raison d’un livre tous les un ou deux ans.
Son coup de maître, il le réalise en 1994 avec « Une jeunesse française : François Mitterrand, 1934-1947 », dans lequel le président socialiste s’explique pour la première fois sur son appartenance à la droite pétainiste qui allait engager la France dans la collaboration avec l’occupant nazi, avant son action dans la Résistance.
N’ayant jamais peur des polémiques, il enquêtera aussi sur Jacques Chirac, Bernard Kouchner ou Jean-Marie Le Pen.
Avec AFP